CAPTURE D'ÉCRAN |
Les faits Le président péruvien Pedro Castillo a annoncé la mise en place d’un gouvernement d’exception et a dissous le Parlement mercredi 7 décembre. Le Parlement devait quelques heures plus tard voter une motion de destitution à l’encontre du président élu il y a un an.
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Le président péruvien Pedro Castillo a ordonné mercredi 7 décembre la dissolution du Parlement quelques heures seulement avant que celui-ci ne se réunisse pour débattre d’une motion visant à le destituer, et annoncé l’établissement d’un «gouvernement d’exception ».
Dans un message à la nation prononcé depuis le palais présidentiel, le président de gauche a déclaré « dissoudre temporairement le Congrès de la République et établir un gouvernement d’urgence exceptionnel ». Il a également annoncé « convoquer dans les plus brefs délais un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants pour rédiger une nouvelle Constitution dans un délai ne dépassant pas neuf mois ».
En réponse, le Congrès a voté quelques heures plus tard la destitution du président pour « incapacité morale » et le placement du pays en état d’urgence. La motion a été approuvée par 101 des 130 parlementaires.
Couvre-feu
« Cette situation intolérable ne peut plus durer, et c’est pourquoi, en réponse aux demandes des citoyens… nous avons décidé d’établir un gouvernement d’urgence visant à rétablir l’État de droit et la démocratie », a-t-il indiqué avant de détailler les mesures prises.
Jusqu’à l’établissement du nouveau Parlement, « le gouvernement sera régi par un décret-loi », a poursuivi le président Castillo, annonçant également un « couvre-feu national à partir d’aujourd’hui » entre 22 h 00 et 04 h 00.
« Le système judiciaire, le pouvoir judiciaire, le ministère public, le conseil national de la justice, la cour constitutionnelle sont déclarés en réorganisation», a-t-il annoncé également, demandant « à toutes les personnes en possession d’armes illégales » de les « remettre à la police nationale dans un délai de 72 heures ».
La police nationale « consacrera tous ses efforts à la lutte réelle et efficace contre le crime, la corruption et le trafic de drogue, ce pour quoi elle sera dotée des ressources nécessaires », a-t-il poursuivi, appelant les institutions de la société civile « à soutenir ces décisions qui nous permettront de mettre notre pays sur la voie du développement ».
« Auto-coup d’État »
Immédiatement, la vice-présidente du pays a dénoncé une manœuvre « qui aggrave la crise politique et institutionnelle que la société péruvienne devra surmonter en respectant strictement la loi ». Les États-Unis « exhortent avec force » le président péruvien à revenir sur sa décision, a fait savoir Washington par la voix de son ambassadrice à Lima.
« Le président Pedro Castillo a organisé un coup d’État. Il a violé l’article 117 de la Constitution péruvienne et est dans l’illégalité. C’est un auto-coup d’État », a réagi auprès de l’AFP Augusto Alvarez, un analyste politique indépendant. « C’est (…) voué à l’échec, le Pérou veut vivre en démocratie », a estimé Francisco Morales, président de la Cour constitutionnelle, à la radio RPP. « Personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur », a-t-il ajouté.
Le Parlement péruvien, dominé par la droite, devait débattre mercredi d’une nouvelle motion visant à le destituer pour « incapacité morale permanente ». Le débat sur cette motion était prévu à 15 h 00 (20 h 00 GMT). Pour qu’il puisse être destitué, il fallait que la motion recueille un minimum de 87 voix sur les 130 que compte le Parlement. L’opposition en disposait d’environ 80.
Pedro Castillo a déjà échappé à deux motions similaires, dont la dernière en mars 2022. À l’époque, l’opposition l’accusait d’être intervenu dans une affaire de corruption présumée opérée par son entourage et d’avoir commis une « trahison » en se déclarant ouvert à un référendum sur un débouché sur l’océan Pacifique pour la Bolivie voisine, privée d’accès à la mer. Elle lui reprochait également les crises ministérielles à répétition et la formation de quatre gouvernements en huit mois, fait inédit au Pérou.
Il s’agissait alors de la sixième motion de destitution du Parlement péruvien pour « incapacité morale » contre un président en exercice depuis 2017, après Pedro Pablo Kuczynski (droite) en 2018 et Martín Vizcarra (centre) en 2020. L’éviction de ce dernier avait déclenché des manifestations violemment réprimées qui avaient fait deux morts et une centaine de blessés. Son départ avait conduit le Pérou à avoir trois présidents en cinq jours.
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PHOTO PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU PÉROU |
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