01 décembre, 2022

L’AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI, DÉTENU EN ISRAËL, DOIT ÊTRE EXPULSÉ DIMANCHE EN FRANCE

  [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]  

PHOTO ABBAS MOMANI 

Sa détention avait été prolongée une première fois en juin, puis à nouveau en septembre, par la justice militaire israélienne, qui le considère comme un membre du Front populaire de libération de la Palestine.

Le Monde avec l'AFP

PHOTO JULIEN JAULIN

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, détenu sans accusation formelle dans une prison israélienne depuis mars, doit être expulsé dimanche en France, ont annoncé, mercredi 30 novembre, sa famille et un groupe de soutien. Les avocats « ont été notifiés à l’oral qu’il serait expulsé dimanche. C’est désespérant, ahurissant », a déclaré son épouse, Elsa Lefort.

► À lire aussi :  LIBÉRATION DE SALAH HAMOURI

M. Hamouri, âgé de 37 ans, avait été condamné en mars à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d’incarcérer des suspects sans accusation formelle.

► À lire aussi :  DE LA COLONISATION À L’APARTHEID

Sa détention avait été prolongée une première fois en juin, puis à nouveau en septembre, par la justice militaire israélienne, qui le considère comme un membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Le Franco-Palestinien nie appartenir à cette organisation marxiste, considérée comme «terroriste » par l’État hébreu et l’Union européenne. 

Pas de nationalité israélienne mais un permis de résidence

M. Hamouri avait entamé le 25 septembre, avec vingt-neuf autres détenus palestiniens, une grève de la faim pour dénoncer sa détention. Il a été ensuite placé à l’isolement en prison et a mis fin à sa grève après environ deux semaines sans manger.

Né à Jérusalem-Est, la partie de la Ville sainte annexée et occupée par l’État hébreu, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un simple permis de résidence, révoqué l’an dernier par les autorités israéliennes. La diplomatie française avait demandé en vain à Israël à ce que Salah Hamouri soit libéré et puisse vivre à Jérusalem.

Les avocats de M. Hamouri avaient demandé à la Cour suprême israélienne de se pencher sur la révocation de son statut de résident. Une audience était d’ailleurs prévue début 2023. D’ici là, ses avocats s’attendaient à ce que sa détention administrative, qui arrivait à échéance dimanche, soit renouvelée.

Or le ministère de l’intérieur israélien a notifié cette semaine les avocats de M. Hamouri de son intention de revoir la décision de lui retirer sa résidence de Jérusalem, a fait savoir à l’AFP son avocate, Lea Tsemel. Et comme une nouvelle décision était attendue, l’audience à la Cour suprême avait été annulée, a-t-elle ajouté.

Au bout du compte, le ministère de l’intérieur « lui a dit aujourd’hui qu’il sera placé dimanche dans un avion pour la France », en sachant qu’il pouvait toujours attendre en France, pays dont il a la nationalité par sa mère, une éventuelle nouvelle audience, a-t-elle ajouté, dénonçant une « procédure très étrange ». Il n’a pas été possible mercredi soir pour l’AFP de joindre le ministère pour commenter cette affaire.

Son ONG placée sur la liste des « organisations terroristes »

M. Hamouri avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour sa participation supposée à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultraorthodoxe Shass. Il a été libéré peu avant le terme de sa peine, dans le cadre d’un échange de prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.

Devenu lui-même avocat, M. Hamouri travaillait pour l’ONG Addameer, qui défend les prisonniers palestiniens. Cette ONG a été placée ces derniers mois, comme une poignée d’autres, sur la liste israélienne des organisations terroristes, ce qui avait soulevé l’ire des autorités palestiniennes et d’organisations de défense des droits de l’homme.

Amnesty International avait conclu, après analyse du téléphone portable de M. Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO. Ce dernier dossier avait donné lieu à une plainte en justice du Franco-Palestinien en France contre cette entreprise de cybersécurité dont la technologie est soupçonnée par un consortium de journalistes d’avoir également servi à infiltrer le smartphone du président français Emmanuel Macron.

SUR LE MÊME SUJET :