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COUVERTURE DE CARAS Y CARETAS |
Investi le 11 mars, le nouveau président de gauche a fait de ce mandat une construction collective, ouverte au dialogue et à toutes les composantes de la société.
Gabriel Boric peut savourer l’instant, laisser la clameur populaire l’envahir, mesurer le chemin parcouru après les révoltes étudiantes de 2011. Depuis le palais de la Moneda, visiblement ému, le nouveau président chilien ferme les yeux et porte à trois reprises le poing sur son cœur, alors que les soutiens de la coalition de gauche Apruebo Dignidad entonnent : « Boric, notre ami, le peuple est avec toi. » Avant d’entrer dans ce lieu meurtri par l’histoire, le chef d’État a pris une grande respiration et dévié sa trajectoire afin de s’incliner devant la statue du président socialiste Salvador Allende. Son aîné, resté jusqu’au suicide dans le bâtiment présidentiel bombardé par les forces putschistes du dictateur Augusto Pinochet. Manière de signifier que l’histoire l’oblige.
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L’aboutissement du processus de mobilisations
Lors de son investiture, vendredi 11 mars, l’ancien leader étudiant s’est exprimé pour la première fois en tant que président d’un pays « qui a tant souffert et nous a tant donné de joie ». De violations des droits de l’homme en tremblements de terre, de crises en pandémie, Gabriel Boric a appelé le peuple, dans toute sa diversité, à « sécher (ses) larmes » et « se retrousser les manches ». Car c’est ici que tout commence. Le président a rappelé que son élection était l’aboutissement du processus de mobilisations qui ont parcouru le Chili depuis une dizaine d’années, « celles des étudiants endettés, celles des paysans sans eau à cause de la sécheresse et des pillages » des ressources naturelles. Femmes, syndicalistes, artistes qui ne peuvent vivre de leur travail, peuples originaires, pêcheurs de la province de Cardenal Caro, habitants des quartiers populaires, classes moyennes… tous ont trouvé une place dans le discours de Gabriel Boric.
Gabriel Boric hérite d’un pays à la croissance quasi nulle
Un refus cependant. Celui de faire de ce mandat une aventure individuelle. Le nouveau chef de l’État s’exprime à la première personne du pluriel, non pour reproduire le langage des actes officiels mais parce qu’il conçoit ce mandat comme un « projet collectif ». « Il ne s’agit pas de moi », a-t-il insisté. Avant d’ajouter : « Nous allons doucement parce que nous allons loin et que nous n’y allons pas seuls ».
Les défis sont nombreux pour le plus jeune président de l’histoire chilienne, le mieux élu, qui, à 36 ans, hérite d’un pays à la croissance quasi nulle où l’inflation flambe. Gabriel Boric se fait empirique et ouvre la porte au dialogue : « Nous savons qu’il ne sera pas facile d’atteindre nos objectifs, que nous serons confrontés à des crises externes et internes, que nous ferons des erreurs et que nous devons les corriger avec humilité, en écoutant toujours ceux qui pensent différemment, en nous appuyant sur le peuple du Chili. »
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Loin de disposer de la majorité au Parlement, Gabriel Boric a évoqué le processus constituant chargé de refonder, jusqu’en juillet, la loi fondamentale héritée de la dictature qui grave le néolibéralisme dans le marbre. Et de conclure par les derniers mots de Salvador Allende avant sa mort : « Nous sommes à nouveau, compatriotes, en train d’ouvrir les grandes voies par lesquelles passent les hommes libres, les hommes et les femmes libres, pour construire une société meilleure. »
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