09 juin, 2022

ÉCONOMISTES SUR LE PROGRAMME DE LA NUPES

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Thomas Piketty, Julia Cagé et Bernard Friot. (AFP)

EXCLUSIF. Piketty, Friot, Cagé... L’appel d’économistes en faveur du programme de la Nupes aux législatives

Réduction du temps de travail, retraite à 60 ans, smic à 1 500 euros nets par mois… Mardi, la Nupes a dévoilé son programme économique que l’union de la gauche appliquerait en cas de victoire aux élections législatives . Des mesures aussitôt critiquées par ses adversaires, notamment par la majorité présidentielle et le gouvernement. Dans une tribune que publie le JDD, plusieurs dizaines d’économistes, parmi lesquels Thomas Piketty, Julia Cagé ou Bernard Friot, défendent à l’inverse le contenu du programme économique.

Le Journal du dimanche


« Dimanche : Ne soyez pas dupes, Votez Nupes !  »

 Voici leur texte :

« Nous soutenons le programme économique de la Nupes aux élections législatives » 

« Pour la première fois au XXIème siècle, la gauche en France est rassemblée pour mettre en œuvre une rupture avec le néolibéralisme. Tournant le dos aux politiques qui accroissent les inégalités, fragilisent les services publics et abiment les écosystèmes, la Nupes porte aux législatives un projet de transformation sociale et écologique. Son but est de faire advenir au cours de la prochaine mandature une société plus égalitaire et solidaire, respectueuse des impératifs écologiques.

CAPTURE D'ÉCRAN
En tant qu’économistes nous savons que ce programme est ambitieux. Préserver le pouvoir d’achat, garantir l’accès à des soins et à un système éducatif de qualité, investir massivement dans la transition écologique ou garder la boussole du progrès social avec la retraite à 60 ans, c’est aller à rebours du courant au fil duquel notre société dérive. Le statu quo n’est pas une option. Face à la précarité endémique, à la guerre et à la transition écologique, prétendre qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques économiques actuelles est mensonger et dangereux.

Un pouvoir qui navigue à vue

Balloté par les événements, le pouvoir macronien navigue à vue. Il y a certes un regain d’interventionnisme, à l’image du « quoi qu’il en coûte » et, dans le discours, avec la récupération du terme de planification écologique. Mais la doctrine reste la politique de l’offre : le marché est le seul opérateur pour organiser les échanges, ce qui donne aux entreprises et aux détenteurs de capitaux le plein pouvoir de définir notre mode de développement. Le résultat est une catastrophe écologique, un envol des revenus des plus riches du fait de baisses d’impôts massives en leur faveur et une économie privée qui aspire de plus en plus de subventions publiques : celles-ci ont été multipliées par deux après la crise de 2008 et de nouveau par deux à la suite de la pandémie.

Peu efficace et injuste, cette stratégie conduit in fine à la dégradation de la situation du pays, tant sur le plan des indicateurs sociaux et écologiques que sur celui du développement économique. Les contre-performances de notre pays en matière de mortalité infantile, de niveau de mathématiques des élèves, d’inaction climatique ou de déficit extérieur font ici système. Il s’agit d’une crise générale du gouvernement qui exige une bifurcation.

Gouverner par les besoins

En abordant les questions économiques sous l’angle de la satisfaction des besoins, le programme de la Nupes propose une autre voie. Son principe fondamental consiste à relier l’immédiateté de l’urgence sociale au temps long d’un mode de développement désirable et respectueux des impératifs écologiques.

Apporter une réponse immédiate à la crise sociale en est donc la condition préalable. L’inflation grignote le pouvoir d’achat et l’activité en berne va aggraver une situation déjà alarmante. Si une majorité macronienne est reconduite, les prochains mois seront très difficiles pour la majeure partie de la population.

A l’inverse, une victoire de la Nupes apporterait immédiatement des avancées : blocage des prix des produits de première nécessité, hausse du Smic à 1500 euros nets, négociation des salaires au niveau des branches, revalorisation des retraites et des minimas sociaux, mise en place d’une allocation d’autonomie pour les jeunes ainsi qu’un programme de garantie d’emploi permettront de soulager les difficultés les plus urgentes et de restaurer la confiance en l’avenir pour le plus grand nombre.

La politique des revenus ne peut cependant être l’alpha et l’oméga de la reconstruction socioéconomique. Celle-ci passe par une remobilisation de la puissance publique et la construction d’un projet productif à long terme, compatible avec le respect de la biosphère. Cela implique un effort de financement des équipements et de revalorisation des conditions de travail, notamment dans les domaines de l’éducation, du soin et de la recherche où les retards accumulés démoralisent les personnels. Les relations sociales dans l’entreprise doivent être considérablement démocratisées, ce qui passe notamment par une meilleure représentation des salariés dans les instances de décision des entreprises, un renforcement du rôle des syndicats et la limitation des écarts de salaires.

Un redéploiement des services essentiels (éducation, transports, santé, poste, justice) permettra la redynamisation économique des territoires sacrifiés sur l’autel de la réduction des coûts. La proposition d’instaurer une planification écologique démocratique et contraignante vise quant à elle une projection à long terme de nos sociétés compatible avec une décroissance des pollutions et de l’utilisation des ressources naturelles.

Notre programme est solide

Les investissements concernant la reconstruction des services publics et la transition écologique nécessitent des financements. L’option choisie est d’abord celle de la justice sociale au service de l’efficacité. Une fiscalité plus progressive sur les revenus et les patrimoines, le rétablissement de l’ISF et la suppression de la flat tax ainsi que la lutte contre la fraude permettront de dégager des ressources supplémentaires importantes et de limiter le recours à l’endettement. Si l’effort prévu est substantiel pour les plus favorisés, en particulier pour les riches héritiers, les impôts seront constants ou en baisse pour 90 % de la population.

En matière de dette publique, la conjoncture est exceptionnellement favorable car l’accroissement de l’épargne et le développement des produits financiers s’accompagnent d’une demande accrue d’actifs sûrs. Or, n’en déplaise aux cassandres conservatrices, la dette française bénéficie de ce statut très privilégié : d’une part, nos conditions d’emprunt sont parmi les meilleures du monde, d’autre part, l’essentiel de la dette Française a été contractée à des taux très faibles et avec des maturités lointaines. Un niveau modéré d’inflation est favorable aux finances publiques, une telle dynamique est donc souhaitable à condition que les revenus du travail et les transferts sociaux soient protégés. Enfin, nous prévoyons un recours accru au pôle public bancaire afin d’orienter la création monétaire et l’épargne des Français vers les besoins collectifs et se prémunir contre les effets déstabilisateurs des marchés financiers.

Alors que les marges de certains groupes français atteignent des records historiques, la progression des salaires sera financée par un rééquilibrage du partage de la valeur entre salaires et profits. Dans le même temps, le dynamisme de la demande populaire, la transition écologique et le soutien aux relocalisations et à l’innovation stimuleront l’investissement.

Cette élection est le moment de redécouvrir les vertus économiques de l’ambition collective et de la solidarité. Fruit d’un travail collégial expert et citoyen, le programme défendu par la Nupes est le socle d’un rassemblement inédit. La victoire de ce projet à la fois social, écologique et démocratique les 12 et 19 juin prochain permettrait enfin de mobiliser l’économie pour prendre soin de la planète et de nos conditions de vie. » 

Plus de 170 économistes signent une tribune de soutien au programme de la Nupes

 Retrouvez ici la liste complète des signataires 

Ce mardi 7 juin 2022 les économistes de la NUPES tenaient une conférence de presse. L’occasion de répondre aux attaques des économistes néolibéraux, du gouvernement et de l’institut Terra Nova, tentant de diaboliser le programme de la NUPES mais refusant leur proposition de débat.

Jean-Luc Mélenchon, présent à cette conférence de presse, a déploré la stratégie d'anesthésie générale du débat qui se déploie, l’absence de débat autour de sujet de fond dans cette campagne : la raison de cette conférence de presse.

Le leader du bloc populaire a dénoncé le programme économique de Macron, dont les seules mesures connues sont : la retraite à 65 ans et le travail forcé de 20 heures par semaine pour les bénéficiaires du RSA. 

Jean-Luc Mélenchon a fait passer un message : l'État s'effondre, l’Hôpital et l’Éducation nationale sont détruits à petit feu, mais la personne désignée à sa tête n’agit pas face à cet effondrement. Pire, il y participe par des cures d’austérités dévastatrices. C’est même le seul objectif affiché par ce gouvernement : la réduction du déficit public pour le ramener à 3% à l’horizon 2027. Un programme austéritaire qui a un coût : 80 milliards d’euros. Jean-Luc Mélenchon a demandé comment Emmanuel Macron comptait trouver cet argent : en fermant massivement des lits d’hôpitaux ou des postes dans l’éducation nationale ?

Jean-Luc Mélenchon a rappelé le sérieux du chiffrage du programme économique de la NUPES, passé dans la matrice économique de la Banque de France, pour un total de 250 milliards d'euros injectés dans l'économie et de 267 milliards d’euros de recettes à la sortie du circuit. Il a dénoncé à l’inverse l’absence de sérieux économique de ce gouvernement dont la seule planification économique consiste à diaboliser le programme économique de la NUPES.

Aurélie Trouvé, économiste et présidente du Parlement de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (PNUPES), également présente à cette conférence de presse, a également averti sur la dangerosité du système économique néolibéral, rappelant qu’il a prouvé toute sa dangerosité et son efficacité face aux crises sanitaires et climatiques.

Manon Aubry, eurodéputée insoumise spécialiste des questions économiques, accompagnée des économistes Éric Berr et Cédric Durand, a présenté l’idéologie générale du programme économique de la NUPES : la relance générale de l’économie par la consommation populaire, le basculement d’une logique d’accumulation infinie du capital à une économie partant des besoins. Les économistes ont toutes et tous rappelés la dangerosité et l'inefficacité de l’économie de marché, et ont rappelé qu’une élection permettant de sortir de ce modèle économique se tient ces 12 et 19 juin.

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Les 30 premiers signataires de la tribune : 

  • Bruno Amable
  • Eric Berr
  • Mireille Bruyère
  • Julia Cagé
  • Lucas Chancel
  • Jézabel Couppey-Soubeyrand
  • Anne Debregeas
  • Anne-Laure Delatte
  • Cédric Durand
  • Etienne Espagne
  • Anne Eydoux
  • Bernard Friot
  • Jacques Généreux
  • Camille Herlin Giret
  • Elise Huillery
  • Sabina Issehnane
  • Esther Jeffers
  • Eloi Laurent
  • Benjamin Lemoine
  • Dominique Méda
  • Stefano Palombarini
  • Thomas Piketty
  • Dominique Plihon
  • Emmanuel Saez
  • Laurence Scialom
  • Isabelle This Saint-Jean
  • Aurélie Trouvé
  • Mathilde Viennot
  • Michael Zemmour
  • Gabriel Zucman 

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