30 juillet, 2007

UN TORTIONNAIRE EN FUITE TENTE DE VENDRE UNE INTERVIEW À LA TÉLÉ CHILIENNE


Le fugitif Raúl Iturriaga est bien vivant, et très probablement au Chili. Celui qui ne s'est pas présenté à la justice chilienne après avoir été condamné à cinq ans de réclusion pour la disparition d'un militant de gauche pendant la dictature de Pinochet aurait proposé à la chaîne publique TVN un entretien exclusif. Mais à condition que TVN allonge les billets, puisqu'il a fixé le prix de son intervention à 6000 euros! Une transaction que TVN a refusée, n'ayant pas pour habitude de payer ses sources.

Par Thomas Huchon (Journaliste) 22H47 30/07/2007

La chaîne a été contactée la semaine dernière par un militaire à la retraite, proche du fugitif, se disant capable de les mettre en contact. Cette information vient accréditer la thèse partagée par de nombreux défenseurs des droits de l'homme, selon laquelle Iturriaga aurait bénéficié d'appuis au sein des associations de militaires à la retraite pour s'enfuir. Une hypothèse alors farouchement démentie par le chef de l'armée chilienne.

Cette affaire pourrait avoir d'autres conséquences au sein de l'institution militaire. Depuis la fin de la dictature (1990), tous les militaires chiliens se voient prélever sur leurs salaires un pourcentage destiné à alimenter une caisse permettant de financer la défense des militaires poursuivis par la justice. Si l'idée d'une solidarité corporatiste ne semble pas a priori mauvaise, dans les faits, tous les soldats chiliens payent la défense des tortionnaires du régime de Pinochet. Une situation inconfortable et paradoxale dans un pays où les plaies nées de la répression politique sont encores ouvertes. L'armée a déclaré réfléchir à une "modification" de ce prélèvement. Il en est grand temps en effet.