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INTERNATIONAL/ CHILI / Au Chili, le projet de Constitution remet en cause le droit à l’avortement/ Les représentants de l’extrême droite et de la droite à l’Assemblée constituante ont introduit dans le texte en préparation la protection de la vie avant la naissance. Il sera soumis à référendum le 17 décembre.
Par Flora Genoux(Buenos Aires, correspondante)
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«la loi protège la vie de celui qui va naître. » Mercredi 20 septembre, le Conseil constitutionnel, organe participant à la rédaction d’une nouvelle Constitution au Chili, a adopté un article qui remet en cause l’accès à l’avortement par 33 voix contre 17. Dominé par les représentants du Parti républicain (extrême droite) et de la droite, le Conseil a commencé à voter les premiers articles le vendredi 15 septembre. Cette assemblée de 50 membres, élue le 7 mai, a jusqu’au 7 novembre pour remettre un texte définitif au président Gabriel Boric (gauche). Son texte remplacera la Loi fondamentale actuelle de 1980, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).
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Depuis 2017, l’avortement est autorisé dans trois situations au Chili : en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou de non-viabilité du fœtus. Au total, entre 2018 et juin 2023, 4 272 femmes ont eu recours à une interruption de grossesse dans le cadre de la loi, selon des données du ministère de la santé. Le profil le plus représenté, dans le cas d’avortements pour viol, est celui de fillettes de 13 ans.
« On ne peut pas considérer que tuer un être humain est un droit (…), le camp républicain choisit la vie », a argumenté la conseillère républicaine Maria de los Angeles Lopez, mercredi. « Il est impératif que nous modifiions notre Constitution afin de consacrer sans équivoque et avec fermeté le droit à la vie depuis la conception jusqu’à sa fin naturelle », a renchéri Carolina Navarrete, conseillère de droite. Le soutien de la droite traditionnelle a permis l’adoption de cet article proposé par le Parti républicain.
Premier projet largement rejeté
Le centre gauche, minoritaire, a fait part de sa vive inquiétude. La protection de la vie avant la naissance peut signifier un « retour en arrière pour les droits des femmes », a affirmé la conseillère constitutionnelle Maria Pardo. « Soyons honnêtes intellectuellement car ce qui est en jeu, c’est la vie des femmes et des filles», a-t-elle poursuivi, en référence au risque létal que présente un avortement clandestin. La présidente de la commission d’experts qui a rédigé l’avant-projet servant de base au travail du Conseil, l’avocate Veronica Undurraga (centre gauche), a également exprimé son « inquiétude », mercredi. La disposition controversée, en reconnaissant des droits à l’embryon, va encore « plus loin que la Constitution de 1980 », a-t-elle relevé.
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Le contraste est grand entre le texte en cours de rédaction et le précédent projet de Constitution. Rédigé par une assemblée marquée à gauche, celui-ci consacrait au contraire le droit à l’avortement. Mais ce premier projet avait été largement rejeté lors du référendum du 4 septembre 2022. Les électeurs seront appelés à se prononcer sur la Constitution en cours d’élaboration lors d’un nouveau référendum, le 17 décembre.
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ILLUSTRATION INGE SNIP |
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