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PHOTO RODRIGO ABD, ASSOCIATED PRESS Ces dernières semaines, les tensions se font de plus en plus vives au Chili. Gustavo Gatica, un jeune étudiant qui a perdu la vue lorsque la police lui a tiré dessus lors d’une manifestation en novembre 2019 (comme près de cinq cent jeunes chiliennes et chiliens), affirmait il y a quelques jours à l’agence de presse EFE : “Je suis déçu du manque de condamnation internationale vu le niveau de répression qui sévit depuis plusieurs mois dans notre pays.” Ce cri du cœur et de désarroi doit nous faire réagir. N’attendons pas que la situation s’aggrave encore plus pour condamner l’impardonnable.
Depuis le 18 octobre 2019, c’est la force de tout un peuple qui aura rendu possible ce que beaucoup attendaient depuis plus de trente ans : la possibilité de changer une constitution héritée de la dictature, qui défend un modèle néolibéral qui a fait du Chili l’un des pays les plus inégalitaires au monde. L’élection d’une Assemblée constituante et paritaire le 15 mai prochain est un tournant historique pour le pays.
Cependant, la répression n’a jamais cessé. Depuis le printemps chilien, les accusations pour délits de droits communs deviennent systématiques pour celles et ceux qui manifestent contre le gouvernement, une stratégie digne des régimes autoritaires. Le Haut commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies et de nombreuses organisations pour la défense des droits humains ont a plusieurs reprises informé et documenté des centaines d’arrestations arbitraires, des dizaines de cas de torture, des violences sexuelles et des viols commis par des policiers.
Dans un contexte de crise sanitaire accrue, l’opposition demande une aide directe et urgente de l’État pour soutenir un peuple dépourvu face à la pandémie. Le gouvernement répond par la négative, refusant de surcroît à la population appauvrie la possibilité d’un troisième retrait anticipé de leur épargne retraite. Par ce refus qui empêche des milliers de personnes de (sur)vivre, le gouvernement va même à l’encontre de l’intervention de l’État et de ses subsides comme cela se pratique notamment dans la région. Interdire aux chiliens d’utiliser ces ultimes ressources revient à servir les intérêts des fonds privés de pension qui les détiennent, intérêts auxquels le président Piñera et le gouvernement sont inféodés.
Les plus vulnérables se retrouvent ainsi démunis. L’absence d’aide est vécue comme une injustice, contre laquelle se remobilise le mouvement social. L’inertie du gouvernement chilien face à un peuple en souffrance et la recrudescence de la répression ne font qu’approfondir la polarisation politique à l’approche des élections, dont le bon déroulement est pourtant crucial pour le futur de la société chilienne.
Face à cette situation :
Nous dénonçons avec force la répression du gouvernement chilien envers son propre peuple.
Nous refusons la saisie de l’argent des travailleuses et des travailleurs par les dirigeants du système privatisé des fonds de pension, qui conduit à une crise humanitaire de grande ampleur affectant le peuple chilien.
Nous demandons que la France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian, condamne fermement les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement de Sebastian Piñera et des forces de police chiliennes.
Nous ne laisserons pas tomber un peuple ami face à la brutalité d’un Président qui a perdu la raison, et nous souhaitons témoigner notre solidarité avec le peuple chilien, comme ce fut le cas pendant la dictature Pinochet. Estamos con Ustedes !
Premiers signataires
Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, 11e circonscription
Jean-Luc Romero, conseiller de Paris, adjoint à la Maire de Paris en charge de droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations
Ian Brossat, porte-parole du PCF, adjoint à la Maire de Paris
Mathilde Panot, députée de la 10e circonscription du Val-De-Marne, vice-présidente du Groupe parlementaire La France Insoumise à l'Assemblée nationale
Geneviève Garrigos, conseillère de Paris
Sergio Coronado, ancien député
Pierre Lebret, politologue, spécialiste du Chili et de l’Amérique latine
Sylvain Pablo Rotelli, doctorant en sociologie politique, IEDES, Paris I
Maria Paz Santibañez, pianiste-concertiste, ancienne attachée culturelle du Chili en France (2014-2018)
Vincent Ortiz, rédacteur en chef adjoint Le Vent Se Lève
Thomas Lalire, réalisateur du documentaire « La Résidence »
Olivier Compagnon, historien, université Sorbonne Nouvelle (IHEAL)
Juan Pablo Pallamar, doctorant en géopolitique, Paris 13
Erika Campelo, responsable associative, co-présidente d’Autres Brésils
Sebastien Gricourt, expert de la Fondation Jean-Jaurès
Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne