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Analyse Le Chili s’est lancé dans une expérience unique lors de l’élection de son assemblée constituante, composée pour moitié de femmes et dotée de sièges réservés pour des représentants indiens.
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en matière de juste représentativité, le Chili a longtemps eu mauvaise réputation, même si La Moneda, le palais présidentiel, a été occupée pendant huit ans par une femme (Michelle Bachelet, de 2006 à 2010, puis de 2014 à 2018). En 2015, la part des femmes à la chambre des députés n’était encore que de 15 % dans le pays du cône andin, bien loin de la moyenne du continent américain (28 %).
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Une prise de conscience nationale, et régionale
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Depuis, le pays s’est engagé sur la voie des quotas. Quotas sur les listes électorales lors des élections parlementaires ; quotas, plus spectaculaires encore, à la Convention constitutionnelle, chargée de rédiger la nouvelle constitution du pays, où la parité est quasi parfaite, avec 77 femmes sur 155 élus. Cette enceinte, soucieuse de donner la parole à tous, a également réservé 17 sièges à des représentants de dix ethnies indiennes du Chili.
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Dans leur constitution, les pays voisins ont déjà pris des dispositions pour assurer une meilleure place aux minorités au sein des institutions, comme le rappelait récemment aux élus de la Constituante Felipe Ajenjo, du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). En Colombie, par exemple, les Indiens ont deux sièges réservés au Sénat, sur 108. La Bolivie, État plurinational, garantit la «proportionnalité» de la représentation indienne dans les assemblées et attribue aux Indiens deux sièges sur sept au sein du Tribunal supérieur électoral.
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Une plus grande diversité, avantage «collatéral» de la présence accrue des femmes
Selon le Pnud, cette meilleure représentativité – un impératif démocratique, quelle que soit la méthode – a aussi le mérite d’assurer une plus grande diversité sociologique, au sens large, au sein de ces instances.
Dans une étude publiée en décembre dernier, l’organisme des Nations unies soulignait ainsi une série d’avantages « collatéraux » liés au rôle accru joué par les femmes au Congrès chilien (elles occupent désormais 35 % des sièges aujourd’hui à la Chambre des députés) : diminution de la part des élus formés dans des collèges privés (de 62 % à 41 % entre 2006 et 2018), rajeunissement du Parlement, plus grande visibilité des célibataires (78 % des élus sont mariés, 40 % des élues), etc. En somme, une représentation nationale aujourd’hui plus fidèle à l’image de la société.
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DESSIN MARÍA PICASSO I PIQUER