[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PHOTO JAVIER TORRES / AFP
Alors qu'il prendra ses fonctions le 11 mars prochain, le futur président du Chili Gabriel Boric, de gauche, 35 ans, a annoncé une équipe jeune, composée majoritairement de femmes et intégrant de nombreux spécialistes indépendants.
Gabriel Boric, président élu du Chili , avait promis une présidence de transformation, « fiscalement responsable » et où les femmes seraient «protagonistes ». L'annonce de son gouvernement ce vendredi, qu'il a symboliquement choisi de rendre public depuis le musée d'Histoire nationale, répond à son engagement tout en affichant la volonté du président de gauche de 35 ans de rassurer quant à l'orientation que prendra la première étape de son mandat.
« Aujourd'hui commence à s'écrire un nouveau chapitre de notre histoire démocratique […] notre mandat est très clair : promouvoir des changements et transformations qui feront de la justice et la dignité notre pain quotidien », a-t-il déclaré dans le discours de présentation de sa future équipe alors que le Chili est engagé dans un processus de refonte de sa constitution , héritée de la dictature de Pinochet (1973-1990). Il a d'ailleurs rappelé à l'assemblée constituante qu'elle trouverait dans l'exécutif un « allié ».
Les proches aux postes clés
Composé de 14 femmes et 10 hommes, le futur gouvernement intègre le cercle proche du président aux portefeuilles clés tout en laissant une belle place au parti socialiste, qui s'est rallié à sa candidature à l'entre-deux tour, à des universitaires et à des professionnels indépendants.
Pour la première fois dans l'histoire du pays, le ministère de l'intérieur sera dirigé par une femme, la médecin Izkia Siches, ex-directrice de campagne de Gabriel Boric, âgée de 36 ans. Camila Vallejos, du Parti communiste (33 ans), sera porte-parole du gouvernement, tandis que Giorgio Jackson (34 ans) sera chargé des relations avec le parlement.
Comme Gabriel Boric, tous les trois ont émergé pendant les mouvements étudiants de 2011, où ils ont forgé leurs liens politiques. Autre geste fort, en ligne avec la rupture qu'il souhaite incarner, il a également nommé la petite-fille de Salvador Allende, Maya Fernández Allende, à la Défense.
Ouverture au centre gauche
Attendu sur le ministère des Finances, Gabriel Boric a confié ce portefeuille clé de la mise en oeuvre de son programme à Mario Marcel. Economiste respecté par l'ensemble du spectre politique, actuellement à la tête de la Banque centrale, l'homme de gauche à tendance sociale démocrate a précisément fait sa thèse de doctorat sur la mesure des politiques fiscales à l'Université de Cambridge.
Passé par la Banque interaméricaine de développement (BID), il a occupé des postes clés lors des différents gouvernements socialistes sans jamais se hisser au rang de ministre jusqu'à présent. Il a également été, pendant la présidence de Michelle Bachelet, à la tête d'une commission sur les retraites, l'une des grandes réformes à venir du gouvernement de Boric. « Nous sommes face au défi de consolider l'économie nationale sans reproduire les inégalités structurelles […] En finir avec les abus qui, si justement, indignent notre peuple », a-t-il rappelé.
Avec ce gouvernement, le futur président répond à la préoccupation née depuis son élection de savoir si son mandat prendra une orientation radicale ou social-démocrate. Sans majorité dans aucune des chambres, la coalition de gauche dont il est issu devra chercher des alliances avec le centre.
Gabriel Boric a compris que l'inclusion de membres du centre gauche au gouvernement était indispensable pour mener à bien les profondes réformes politiques, économiques et sociales qu'il prétend mettre en place. Il a d'ailleurs averti les membres de son équipe : «Nous avons besoin que vous dialoguiez, que vous écoutiez beaucoup, le double de ce que vous parlez, que vous prépariez votre agenda avec dévouement ».
Anaïs Dubois