27 janvier, 2022

« C’EST UN GOUVERNEMENT PRINCIPALEMENT DE CENTRE-GAUCHE »

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CAMILA VALLEJO
CAPTURE D'ÉCRAN 
C’est ce que déclare Camila Vallejo, dans sa première grande interview après sa nomination comme porte-parole du gouvernement. Il faut rappeler que Camila Vallejo est également membre du Comité Central et de la Commission Exécutive du PC du Chili (PCCh). 

Santiago du Chili. Pierre Cappanera, correspondance

Effectivement le ministre des Finances, actuel président de la Banque Centrale, ne fait pas l’unanimité à gauche alors que sa nomination a été salué à droite. Par ailleurs Gabriel Boric, vient de déclarer que le Vénézuela était un échec, la preuve en étant la diaspora de 6 millions de Vénézueliens. Ce à quoi Rafael Correa, le leader de la gauche équatorienne, lui a répliqué que si le Chili ne pouvait pas vendre son cuivre, il aurait lui aussi une diaspora nombreuse. 

JEANNETTE JARA ET LA MAIRE DE
SANTIAGO IRACÍ HASSLER

Inversement, au ministère du Travail où vont se jouer beaucoup de réformes structurelles (retraites, temps de travail, augmentation des salaires, négociations collectives…) c’est une communiste ancienne syndicaliste qui occupe le poste. 

Le but de plusieurs des nominations est d’avoir une majorité à la Chambre où la coalition de gauche Apruebo Dignidad ne dispose que de 37 sièges de députés sur 155. Avec le soutien de tous les partis du centre-gauche, des humanistes et des écologistes, on arrive péniblement à 79 députés. C’est juste la majorité, si aucun député ne retourne sa veste, ce qui est toujours à craindre. Si le but est d’appliquer le programme d’Apruebo Dignidad, pourquoi pas. La veille de la nomination du nouveau gouvernement, il y a eu autour de Gabriel Boric une grande réunion avec tous les chefs de partis d’Apruebo Dignidad. Le président y a réaffirmé son attachement à respecter ses engagements et appliquer ce programme. Tous les ministres se sont engagés sur la politique du président et son programme.  

Dans le cadre des rapports de force actuels au Chili, ce gouvernement est sans doute le meilleur possible.  Même s’il n’est pas celui de nos rêves. Pour obtenir le gouvernement de nos rêves, il faudra que le rapport des forces évolue encore dans le bon sens. L’issue n’est pas déterminée à l’avance. Elle va l’être dans la bataille qui va commencer autour de l’application du programme d’Apruebo Dignidad. 

Dès le 11 mars, nous verrons quel sera le calendrier d’application des réformes, quelles réformes seront engagées en priorité. L’élément déterminant sera la mobilisation populaire. Sans mobilisation populaire, la balance penchera du côté de ceux qui veulent bien des réformes mais « dans la mesure du possible ». Pour les « réalistes » socio-démocrates, la mesure du possible se retrouve toujours réduite à la portion congrue.

LES MINISTRES PCCh

Le 8 mars, les femmes seront dans la rue. Le 11 mars, manifestations dans tout le pays pour accompagner Gabriel Boric à La Moneda [ le « palais de la Monnaie » à Santiago, est le siège de la présidence du Chili]. Pendant les mois de mars et avril, par secteur, les syndicats ont programmé d’importantes journées d’action qui déboucheront sur un 1er Mai qui s’annonce combatif. Tous ces rendez-vous donneront la température de la mobilisation sociale deux ans après le 18 octobre 2019. C’est là que se jouera l’avenir du gouvernement, plus encore qu’à la Chambre des députés.