28 janvier, 2022

XIOMARA CASTRO, INVESTIE PRÉSIDENTE DU HONDURAS, PROMET « UN ÉTAT SOCIALISTE ET DÉMOCRATIQUE »

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PHOTO AFP

Pour réformer le pays, gangrené par la corruption et l’influence des narcotrafiquants, la nouvelle chef de l’État a besoin du Parlement, où son parti et ses alliés ne disposent pas de la majorité. 

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(Tegucigalpa) Xiomara Castro a prêté serment jeudi, devenant ainsi la première présidente du Honduras, pour un mandat de quatre ans, et a promis devant une foule enthousiaste de fonder « un État socialiste et démocratique »._

Le contexte politique est tendu, mais Xiomara Castro est officiellement devenue, jeudi 27 janvier, la première présidente du Honduras. Mme Castro, élue pour un mandat de quatre ans, a prêté serment en présence de Luis Redondo, qu’elle a reconnu comme président du Parlement, faisant fi de la crise ouverte il y a six jours par deux factions rivales de son parti, Libre, laquelle a donné lieu à des scènes de pugilat à la tribune de l’Assemblée.

« L’État du Honduras a été mené à la faillite durant ces douze dernières années » de gestion par la droite, a asséné la chef de l’État dans son discours d’investiture. « Je le reçois en banqueroute », s’est-elle indignée, soulignant que « le pays doit savoir ce qu’ils [ses prédécesseurs] ont fait de l’argent ». La dette publique du Honduras s’élève à 17 milliards de dollars (15,2 millions d’euros).

La présidente a promis, devant une foule enthousiaste massée dans le Stade national de Tegucigalpa, de fonder « un État socialiste et démocratique », et de concentrer, jusqu’à la fin de son mandat, en 2026, ses efforts sur « l’éducation, la santé, la sécurité et l’emploi ».

Déjà une crise parlementaire

Mais la controverse au sein de son parti, où les deux groupes rivaux ont élu deux présidents de deux parlements concurrents, fait peser l’incertitude sur sa capacité à mettre en œuvre son programme de transformation du Honduras. Pour réformer le pays, gangrené par la corruption et l’influence des narcotrafiquants, qui ont infiltré l’État jusqu’à son plus haut niveau, Mme Castro a besoin du Parlement, où son parti et ses alliés ne disposent pas de la majorité.

La crise parlementaire a éclaté quand des dissidents de Libre ont refusé d’honorer un accord entre leur parti et des alliés d’un autre parti de gauche, dont le soutien a été déterminant pour la victoire de Mme Castro lors du scrutin de novembre.

M. Redondo, qui a ceint la présidente de l’écharpe bleu et blanc, symbole de sa fonction, avait ouvert quelques heures avant une session de « son » Parlement, dans le bâtiment officiel, tandis que le président de l’assemblée concurrente, Jorge Calix, gardait le silence.

Tentant de dénouer la crise, la présidente élue avait offert mercredi soir un haut poste dans son gouvernement à M. Calix, qui a bénéficié des voix de députés de l’opposition de droite pour se faire élire comme président de l’assemblée concurrente. Le dissident a remercié sur Twitter pour « l’honneur » qui lui était fait et a promis une « réponse rapide ». Mais celle-ci se fait attendre.


Kamala Harris présente à la cérémonie

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, le roi d’Espagne, Felipe VI, et le vice-président taïwanais, William Lai, notamment, ont assisté à la cérémonie.

Mme Castro a été qualifiée de « communiste » par ses adversaires durant la campagne, mais « les États-Unis ont compris qu’elle ne représente pas une gauche radicale », estime le sociologue Eugenio Sosa, de l’université nationale du Honduras. « Il y a un virage à gauche (…), ils veulent maquiller ça avec l’arrivée de la vice-présidente, Kamala Harris, mais en réalité ils sont très engagés avec le Venezuela », a dénoncé auprès de l’Agence France-Presse (AFP) David Chavez, le chef du Parti national (droite), désormais dans l’opposition.

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, a encouragé la nouvelle présidente du Honduras à lutter contre la corruption, considérée comme l’une des causes de l’émigration massive d’habitants d’Amérique centrale vers les États-Unis. Mme Harris a été la première à rencontrer la nouvelle présidente, après avoir assisté à la cérémonie d’investiture.

« La vice-présidente [Kamala] Harris a accueilli positivement la priorité donnée par la présidente [Xiomara] Castro à la lutte contre la corruption et l’impunité, y compris son intention de demander l’aide des Nations unies pour mettre sur pied une commission internationale contre la corruption », selon une note distribuée à la presse par le bureau de Mme Harris.

Dans son discours d’investiture, la nouvelle présidente a avancé que 74 % des presque 10 millions d’habitants du pays vivent en dessous du seuil de pauvreté (59 % selon les chiffres officiels, 71 % selon une ONG hondurienne).

« Ce chiffre à lui seul explique les caravanes de milliers de personnes qui fuient vers le nord, vers le Mexique et les États-Unis, à la recherche (…) d’une manière de subsister, même au risque de leur vie », a déclaré Mme Castro. La violence des gangs, qui fait du Honduras l’un des plus dangereux pays au monde (près de 40 meurtres pour 100 000 habitants), pousse aussi des habitants terrorisés à émigrer.
Le Monde avec l'AFP