16 novembre, 2006

LA RETRAITE ENFIN POUR TOUS

« MISÉRABLES PENSIONS » 
Le système local de retraite par capitalisation a fait figure d’exemple dans le monde entier. Il va être réformé pour bénéficier à l’ensemble de la population.
Vingt-cinq ans après une réforme radicale et sans précédent dans le monde, qui a entraîné la privatisation de presque l’ensemble du système de protection sociale chilien pour toutes les tranches de revenus, le gouvernement de Michelle Bachelet prépare une nouvelle réforme, ayant cette fois pour objectif d’étendre le droit à la retraite à tous les Chiliens, grâce à une partie complémentaire financée par l’État.

“Il ne s’agit pas d’un recul par rapport au système privé, qui sera maintenu et même renforcé”, affirme l’économiste chilien Mario Marcel, président de la commission chargée de la préparation du nouveau projet. La révision de la réforme de 1981 repose sur le simple constat que l’accès à la retraite n’a touché, ces vingt-cinq dernières années, que 60 % de la population adulte, une bonne partie des citoyens n’ayant pas pu en profiter. Selon lui, la révision du système de protection sociale chilien “est une priorité absolue pour la présidente Bachelet”, et sera présentée au Congrès d’ici à la fin 2006.


Le financement du nouveau système de protection sociale s’appuiera sur trois éléments.


1) La solidarité : les ressources publiques compléteront les retraites de ceux qui contribuent déjà au système privé et financeront entièrement celles des travailleurs en situation d’extrême pauvreté. 2) La contribution, qui existe depuis 1981 comme système privé de capitalisation. 3) La contribution volontaire, lorsqu’un individu souhaite augmenter le montant de sa contribution et par conséquent ses revenus futurs.


La solidarité est la grande nouveauté de cette nouvelle réforme. Cet aspect sera mis en place immédiatement. Il sera financé par les ressources publiques et administré par le nouvel Institut de sécurité sociale. Il permettra aussi d’instituer une pension de retraite pour ceux qui n’ont jamais cotisé au système privé, les femmes au foyer et les travailleurs les plus démunis (soit près de 400 000 personnes). Son montant reste encore à définir, mais il devrait atteindre 70 % du salaire minimum.


Les Chiliens ont constaté que le système privé par capitalisation a si bien fonctionné qu’ils adopteront le même pour la gestion du volet solidarité. Chaque travailleur aura ainsi un compte personnel alimenté par la contribution du gouvernement. Mais les deux systèmes – public et privé – inciteront le travailleur à augmenter progressivement son apport de façon à pouvoir se passer du financement de solidarité. L’économiste Mario Marcel cite l’exemple d’un travailleur qui reçoit un salaire minimum [156 euros] et cotise sur la base de ce montant pendant vingt ans. Il percevra une retraite de 94 euros, complétée par les 78 euros du volet solidarité.


Suely Caldas O Estado de São Paulo