02 novembre, 2006

L’or de Pinochet refait surface à Hong Kong

La justice chilienne a ouvert une enquête sur les lingots d’or que le dictateur avait mis de côté dans l’ancienne colonie britannique. La Nación revient sur les dessous de l’affaire.

Il y a quelques semaines, Alan Landry était chez lui, à Santa Monica, en Californie, lorsqu’un courriel est arrivé dans sa messagerie. En l’ouvrant, il constata que parmi les pièces jointes figuraient divers documents et une proposition de vente de plus de 9 tonnes d’or pur à 99,9 %, actuellement en dépôt à la Hong Kong and Shanghai Bank Corporation (HSBC).
En tant que consultant pour CCI-Group, une entreprise de courtiers en or, son travail consiste à vérifier l’authenticité des documents et des certificats produits en vue d’une transaction. Il examina donc attentivement la proposition et s’arrêta, surpris, sur le nom du propriétaire des documents : Augusto Pinochet Ugarte.
Alan Landry s’empressa alors d’en informer son commissaire aux comptes, Gerald Drown, pour avoir son opinion. Celui-ci observa à son tour minutieusement les documents et dit à Landry de transmettre l’information au consulat du Chili à Los Angeles. Il remit à la représentation diplomatique les documents reçus ainsi qu’une copie des certificats envoyés par un certain Kevin Shani, qui assurait être habilité à vendre cet or. “Je peux garantir, grâce à l’expérience qui est la mienne sur le marché, que ces documents sont authentiques, affirme Alan Landry. La justice et l’Etat chiliens doivent récupérer cet or, qui appartient au peuple chilien.”
Les documents ont été remis, le 13 octobre 2006, au ministère chilien des Affaires étrangères, qui l’a ensuite transmise au juge Juan González, chargé du dossier Riggs [en 2004, suite à un rapport du Sénat américain, une instruction a été ouverte sur plusieurs comptes en banque ouverts sous de faux noms par Pinochet à la Riggs Bank], ainsi qu’au Conseil de défense de l’Etat (CDE), l’organisme chargé de défendre les intérêts de l’Etat. Le CDE a demandé à la justice qu’une requête officielle soit envoyée à la HSBC et que des mesures préventives soient prises puisqu’il y aurait au nom du dictateur un millier de lingots, évalués à plus de 170 millions de dollars [133,5 millions d’euros].
Selon nos informations, la justice chilienne aurait en sa possession un dossier de 26 pages sur cette affaire. Ces documents préciseraient que l’or en question est pur à 99,9 % et indiqueraient les numéros de série et le lieu de fabrication des lingots, la Belgique. Les premiers dépôts auraient été effectués en juillet et en novembre 1980 auprès de la HSBC. Parmi les documents figure également un certificat de l’entreprise allemande de placements Schell Security GmbH, authentifié devant notaire le 16 décembre 2004. Pour Landry, il ne fait aucun doute que les lingots sont en dépôt dans un coffre de la HSBC.`

Jorge Molina Sanhueza La Nación