Bâtiment d'AMIA - Buenos Aires 1994
La tension monte entre Buenos Aires et Téhéran après que la justice argentine a lancé un mandat d'arrêt international contre des dirigeants iraniens, accusés d'être impliqués dans l'attentat contre l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA), qui avait fait 85 morts et 200 blessés, en plein centre de Buenos Aires, en juillet 1994.
La nomination de M. D'Elia à la tête du sous-secrétariat chargé des terres et de l'habitat social, en février 2006, avait entraîné plusieurs controverses. Après avoir occupé un commissariat en 2004 et la propriété d'un millionnaire américain, il avait présenté au Congrès un projet pour exproprier les étrangers possédant des terres.
L'AMIA a été reconstruit en 1999 au même emplacement de l’ancien bâtiment
Le juge Rodolfo Canicoba Corral a délivré, le 9 novembre, un mandat d'arrêt international pour "crimes contre l'humanité" à l'encontre de huit dirigeants iraniens, dont l'ex-président Akbar Rafsandjani. Téhéran a qualifié les poursuites argentines de "complot américano-sioniste". A son tour, la justice iranienne a lancé un mandat d'arrêt international contre les magistrats argentins chargés de l'affaire, les accusant d'être corrompus. Le juge Juan José Galeano, qui mena pendant neuf ans l'enquête, s'était vu retirer le dossier en raison d'irrégularités de procédure.
ACCUSATIONS REJETÉES
La chancellerie argentine a convoqué, lundi, le chargé d'affaires iranien pour prostester. Il n'y a plus d'ambassadeur d'Iran à Buenos Aires, depuis dix ans, à cause des accusations argentines contre Téhéran. Washington a promis de soutenir la justice argentine.
L'AMIA accuse l'Iran d'avoir organisé l'attentat et d'en avoir confié la réalisation au parti chiite libanais Hezbollah. Ces accusations, fondées sur des renseignements des services secrets argentins, américains et israéliens, ont toujours été rejetées par Téhéran et par le Hezbollah.
La communauté juive d'Argentine, forte de 300 000 membres, est la plus importante d'Amérique latine. Le président Kirchner avait reconnu, en 2005, la responsabilité de l'Etat dans les graves défaillances d'une enquête qui n'a jamais permis de retrouver les auteurs de l'attentat, le plus meurtrier de l'histoire argentine.
Christine Legrand Article paru dans l'édition du 16.11.06.