12 avril, 2024

FRANCE / ELECTIONS EUROPÉENNES : LORS D’UN MEETING À AMIENS, LES COMMUNISTES CIBLENT LA GAUCHE

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LA TÊTE DE LISTE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS POUR LES
PROCHAINES ÉLECTIONS EUROPÉENNES, LÉON DEFFONTAINES,
LORS D’UNE RÉUNION PUBLIQUE À LILLE, LE 15 MARS 2024.
PHOTO SAMEER AL-DOUMY / AFP
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LE MONDE

POLITIQUE / Elections européennes : lors d’un meeting à Amiens, les communistes ciblent la gauche / La tête de liste du PCF, Léon Deffontaines, tente de tirer son épingle du jeu pour les élections du 9 juin. Se disant « souverainiste » pour tenter de grappiller des voix à l’extrême droite, il fustige aussi « l’Europe libérale » des sociaux-démocrates.

Par Yassine Karchi (Amiens, envoyé spécial)

Temps de Lecture 2 min. 

LÉON DEFFONTAINES LORS
DE L'UNIVERSITÉ LIBÉ,
LE 31 MAI 2023 À PARIS.
PHOTO CHA GONZALEZ 

Un accueil en fanfare… qui laisse progressivement place à un morceau de rap à la gloire de la tête de liste communiste : « Léon c’est notre espoir, notre fierté. On relance l’industrie, on crée des emplois. » De quoi donner le ton, jeudi soir, pour le premier meeting de lancement de la campagne du candidat du Parti communiste français (PCF), Léon Deffontaines. Près de 1 000 personnes étaient présentes au parc des expositions Mégacité d’Amiens, ville dont il est originaire, scandant le slogan : « Léon à Bruxelles. »

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Le « plus jeune candidat » des élections européennes pouvait également compter sur la présence du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui, avant le discours de son protégé, tenait pour mot d’ordre de « mettre une bonne claque à l’Europe libérale ».

 À tour de rôle, pour chauffer la salle, plusieurs colistiers sont montés à la tribune. Des syndicalistes, comme Héloise Dhalluin, cheminote et conseillère régionale communiste des Hauts-de-France, qui mène un combat pour que « les transports soient au service de la population et du territoire ». Ou encore Fabien Gâche, syndicaliste CGT chez Renault, en septième position sur la liste communiste, qui veut notamment « mettre fin au règne de la concurrence entre les peuples en harmonisant par le haut le niveau social des travailleurs européens avec de bons salaires indexés sur l’inflation ».

« Fraude démocratique de grande ampleur »

Pendant les presque trois heures de meeting, le traité constitutionnel européen de 2005 est au cœur des critiques. « Nous ne l’avons toujours pas digéré », a tempêté Emmanuel Maurel, eurodéputé sortant. Léon Deffontaines s’est également posé comme le défenseur de ceux qui ont vécu la désindustrialisation en évoquant les cas de fermeture d’usine de Whirlpool, de Continental et de Goodyear, qui ont marqué sa région.

Il est temps que « la gauche de 2005 fasse son grand retour au Parlement européen, a lancé le candidat communiste. En 2005, main dans la main, la droite et les socialistes de M. Glucksmann ont organisé cette fraude démocratique de grande ampleur. » « Pour quel résultat ? De l’austérité et des accords de libre-échange en pagaille », a-t-il martelé, avant de fustiger « le gouvernement et sa majorité [qui] recommencent aujourd’hui avec le CETA ». L’ancien responsable des jeunesses communistes en a d’ailleurs profité pour longuement cibler les coupes budgétaires récemment annoncées et se poser comme le défenseur du service public français alors que le gouvernement vient d’annoncer une réforme de la fonction publique.

Après les socialistes et les macronistes, la tête de liste s’en est pris à Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement national, qu’il compte « faire reculer dans cette élection » : « La réalité est qu’il a le même projet économique qu’Emmanuel Macron, la xénophobie en plus. » Moquant « le Bouteflika [ancien président de la République algérienne] de la politique française, il est candidat mais on ne le voit nulle part », il a invité le candidat d’extrême droite à débattre avec les têtes de listes.

« Défendre la réindustrialisation »

Pourtant, même « la gauche s’est parfois contentée de discours creux et d’actes de faux-semblant », a reconnu le jeune candidat. Sur de nombreux thèmes, la direction du PCF assume de considérer le reste de la gauche comme des adversaires. Léon Deffontaines n’a pas cessé d’associer le candidat à la tête de Place publique, Raphaël Glucksmann, à sa rivale Renaissance, Valérie Hayer.

En amont du meeting, le député communiste Jean-Paul Lecoq expliquait notamment que, sur l’Europe, « à gauche, personne n’a le même regard », le PCF n’étant pas pour une « Europe fédérale ». Léon Deffontaines se dit, lui, « souverainiste ». Face à la « perte de souveraineté », il faut « produire plus », prône le communiste.

« Nous sommes la seule liste de gauche à défendre la réindustrialisation de la France », a également clamé Fabien Roussel pour accentuer le fossé. Toutefois, pour l’heure, la tête de liste de la gauche unie pour le monde du travail reste sous la barre des 3 % des intentions de vote dans les sondages. Franchir ce seuil pourrait permettre « le grand retour de la gauche du peuple au Parlement européen ».

Yassine Karchi(Amiens, envoyé spécial)