Malgré les poursuites lancées contre lui, il n'a jamais été jugé.
Un juge chilien avait ordonné le 27 novembre l'arrestation et l'assignation à résidence de l'ancien dictateur dans le cadre de l'affaire de la "Caravane de la mort", du nom d'un escadron de la mort qui a sillonné le Chili après le putsch de 1973.
Pinochet avait déjà été écroué et placé aux arrêts domiciliaires par un autre magistrat le 30 octobre.
Le juge Victor Montiglio a décidé de l'arrêter de nouveau, dans le cadre des poursuites liées à la disparition forcée de deux personnes attribuée à la "Caravane de la mort", qui parcourut le Chili pour liquider des opposants quelques semaines après le coup d'Etat mené par le général Pinochet en septembre 1973. Le juge Montiglio devait notifier dans la journée de lundi sa décision d'assignation à résidence à l'ancien chef d'Etat.
Les deux disparus, Wagner Salinas et Francisco Lara, faisaient partie de la garde personnelle du président chilien Salvador Allende. Allende s'est suicidé au palais présidentiel de La Moneda à Santiago le jour du coup d'Etat militaire, le 11 septembre 1973.
Des poursuites qui n'ont pas abouti
Considéré comme le commanditaire de la "Caravane de la mort", Pinochet avait été inculpé il y a cinq ans pour 75 assassinats commis par ce groupe. Mais la Cour suprême avait classé l'affaire sans suite en juillet 2002, prenant en compte les arguments de médecins qui ont affirmé constater chez l'ancien dictateur une "démence sénile modérée".
Le dossier a été rouvert autour des cas de Salinas et Lara, interceptés par la "Caravane de la mort" à Curico, à 400 km au sud de Santiago, avant d'être transférés et fusillés à Santiago dans une caserne militaire. L'immunité d'ancien président de Pinochet, qui était chef des armées, a été levée le 17 juillet dernier par la Cour suprême, ouvrant la voie à son jugement pour son rôle dans leur assassinat.
Augusto Pinochet a fêté ses 91 ans il y a quelques jours et a été salué à cette occasion par une centaine de ses partisans massés devant sa résidence de La Dehesa, dans l'est de Santiago. Il est sorti les remercier et sa femme Lucia Hiriart a lu un message à son nom dans lequel il a dit "assumer la responsabilité politique de ce qu'(il a) fait". Ses partisans justifient régulièrement les pires exactions de son régime par la lutte contre le communisme.
Il y a un an, Pinochet avait fêté son 90e anniversaire en état d'arrestation pour deux affaires encore en cours de jugement : l'opération Colombo (assassinats d'opposants maquillés en règlements de comptes entre gauchistes), instruite également par le juge Montiglio, et une accusation de fraude fiscale pour l'ouverture de comptes secrets à l'étranger.