Un nouveau bilan de santé de l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet a été rendu public, mardi. Ses médecins ont affirmé que la phase critique est maintenant passée et qu'il se trouve dans état favorable.
L'ancien président chilien est hospitalisé à l'hôpital militaire de Santiago depuis dimanche, à la suite d'un infarctus du myocarde. M. Pinochet a subi une angioplastie d'urgence pour rétablir le flux sanguin vers le coeur. Son état était jugé si critique qu'il a reçu les derniers sacrements.
Le général chilien est désormais hors de danger, mais il devra demeurer à l'hôpital pendant au moins 10 jours.
Devant la récupération très rapide de l'ancien dictateur, plusieurs ont émis des doutes sur la maladie de Pinochet. Les commentaires de sa fille, Lucia Pinochet Hiriart, criant au « miracle », ont renforcé les soupçons.
Pour l'avocat spécialiste des droits de l'homme Hugo Gutierrez, l'hospitalisation du vieux général avait été planifiée par sa défense. « Les faits montrent que c'est une maladie incluse dans une stratégie visant à échapper à une décision judiciaire », soutient-il.
Le présentateur vedette de la télévision chilienne, Alejandro Guillier, a lui aussi alimenté la polémique en affirmant en ondes, qu'« un monsieur de 91 ans ne résiste pas à un infarctus » et en émettant des doutes sur les premiers diagnostics alarmants des médecins. Mardi, de jeunes opposants à Pinochet manifestaient devant l'hôpital où il se trouve. Sur leurs pancartes, on pouvait lire le mot « supercherie ».
Mardi, les médecins et la famille de Pinochet ont assuré ne pas avoir exagéré l'état de santé de l'ancien dictateur pour lui éviter de subir un procès.
La justice chilienne a abandonné deux fois des charges contre Pinochet en raison de sa mauvaise santé, mais il fait encore l'objet de poursuites. La semaine dernière, il a été inculpé de violation des droits de l'homme et assigné à résidence, en banlieue de Santiago, pour deux meurtres d'opposants commis par la « Caravane de la mort » sous sa dictature.
Environ 3000 personnes ont été tuées ou ont disparu durant les 17 années du régime Pinochet, arrivé au pouvoir après avoir renversé le président Salvador Allende, le 11 septembre 1973, lors d'un coup d'État commandité et soutenu par les États-Unis. Quelque 28 000 Chiliens ont été torturés, tandis que des milliers d'autres ont fui le pays, selon des organisations des droits de la personne.