Fort d'une victoire décisive au scrutin de dimanche, le gouvernement d'Hugo Chavez promet d'accélérer sa révolution socialiste et de travailler à établir des partenariats «sans précédent» avec les autres pays d'Amérique latine.
Pour y parvenir, Chavez compte user de son influence dans l'OPEP pour maintenir le prix du baril de pétrole à plus de 50 $. Le gouvernement peut également compter sur une économie en pleine expansion qui ne profite pas qu'aux pauvres, mais également à une classe de plus en plus importante de «nouveaux riches».
Fait rarement mis de l'avant, le Venezuela jouit d'une forte croissance économique, surtout due à la flambée des prix du pétrole. En 2006, l'économie vénézuélienne a connu une croissance de 10 %, la hausse la plus importante dans le continent américain. La Bourse de Caracas a elle aussi connu une année record : une hausse de 129 % a été enregistrée depuis janvier.
Cela donne la voie libre à Hugo Chavez pour poursuivre sa politique sociale. Et le scrutin de dimanche confirme que la vaste majorité de la population appuie ces réformes.
«Cette élection est décisive pour les projets de changement que nous avons fait naître depuis des années, a indiqué l'ambassadeur du Venezuela à l'ONU, Francisco Cardenas, dans un entretien publié hier dans un quotidien de Caracas. Le président a de nouveau la foi et la confiance du peuple vénézuélien.»
Pour Carlos Romero, professeur à la faculté de sciences politiques de l'Université centrale du Venezuela, Chavez ne deviendra pas nécessairement plus radical. «Indubitablement, cette victoire importante le renforce dans sa position internationale, a-t-il indiqué à l'AFP. Mais Chavez est aussi un homme pragmatique. Il ne lui a pas échappé que de nombreux pays, y compris des pays amis, lui demandent d'avoir une meilleure relation avec les États-Unis et de ne pas faire d'ingérence.»
La mine basse
La journée d'hier s'est déroulée dans le calme à Caracas et ailleurs au Venezuela. Le parti de l'opposition de Manuel Rosales a rapidement concédé la victoire dimanche soir, court-circuitant ainsi tout mouvement populaire qui aurait pu contester l'issue du scrutin.
L'un des journaux de l'opposition, El Universal, a publié en première page une carte des districts du Venezuela gagnés par une marée rouge symbolisant la victoire de Chavez dans l'ensemble du pays. Chavez l'a emporté avec plus de 20 points d'avance sur son rival conservateur.
Le pays n'en demeure pas moins divisé, et sans doute pour longtemps. Alors que les «chavistas» klaxonnaient et entonnaient des airs révolutionnaires dans la rue, des gens plus aisés avaient la mine basse.
«Chavez sera en poste jusqu'en 2013, se désolait Manuel Castillo, étudiant à l'Université centrale du Venezuela. Le président parle d'unité nationale, mais il ne fait rien pour que la nation soit vraiment unie. Il choisit d'ignorer des millions de personnes. Ce n'est pas encourageant pour la classe moyenne de ce pays.»
Hugo Chavez est le quatrième président aux idées progressistes élu cet automne en Amérique latine. La Bolivie, le Nicaragua et l'Équateur viennent aussi de faire un virage à gauche.
Dans ce qui est peut-être un signe des changements à venir, le président de l'Équateur, Evo Morales, a entériné dimanche la décision de nationaliser les opérations d'extraction du pétrole par des entreprises étrangères. L'entente prévoit aussi que le gouvernement touchera la majeure partie des revenus tirés de la vente du pétrole équatorien par ces mêmes entreprises.
Nicolas Bérubé La Presse