de Jean-Michel Hureau
La question du droit de vote des étrangers ne peut manquer d’être un des thèmes de la campagne électorale puisque Marie-George Buffet a annoncé en être partisane. Il ne fait pas de doute non plus que d’autres candidats y seront farouchement opposés.
Un argument qui pourrait servir à ce droit donné aux étrangers est l’exemple de l’Amérique latine. Je ne peux pas affirmer à 100 % que ce soit le cas de tous les pays, mais je suis sûr que c’est le cas pour le Chili, le Pérou, l’Equateur, le Venezuela et la République Dominicaine. Peut-être que Danielle Bleitrach, qui connaît bien l’Amérique latine, pourra y apporter un complément.
Dans ces pays, tout étranger qui possède la résidence définitive depuis un certain nombre d’années, en général cinq ans, peut voter à toutes les élections, y compris la présidentielle. Cette disposition existe d’ailleurs depuis fort longtemps et a même été en vigueur, au Chili, sous Pinochet, en 1988 lors du plébiscite sur son maintien au pouvoir. Il s’agit donc d’une disposition traditionnelle indépendante du régime en place. L’idée est que tout citoyen, indépendamment de son lieu de naissance a le droit de s’exprimer sur ce qu’il croit être bon pour l’avenir de son pays de résidence.
A l’inverse, les nationaux résidant à l’extérieur n’ont généralement pas le droit de vote, c’est le cas au Chili.
Dans le système électoral français, c’est l’inverse. Les français de l’étranger ont le droit de vote. Ce qui me vaut de voir aux élections à Santiago, des chiliens possédant le passeport français parce que le grand-père, voire l’arrière grand-père l’était, qui sont incapables de faire une phrase en français, qui n’ont même jamais mis les pieds en France et qui sont très fiers de voter sans même avoir la moindre connaissance de la réalité française. Ceci n’étant pas vrai pour tous les votants, bien entendu, mais ça existe.
Ceci ne veut pas dire que je sois contre le droit de vote des nationaux de l’extérieur, bien au contraire, mais le droit de vote des étrangers résidents me paraît bien plus légitime.
Pour le cas où les candidats à cette élection qui défendent le droit de vote des étrangers ne le sauraient pas, c’est un argument qui pourrait les aider lors d’un débat.
Peut-être, effectivement, que l’Europe a à apprendre de l’Amérique latine.
De : Jean-Michel Hureau samedi 23 décembre 2006