18 novembre, 2021

CHILI. DANIEL JADUE : « LA RÉVOLTE SOCIALE DE 2019 EST LOIN D’ÊTRE FINIE »

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PHOTOMONTAGE VALAR MORGHULIS CHILE
Maire communiste de Recoleta, l’une des communes de Santiago, Daniel Jadue, après sa défaite à la primaire de la coalition Apruebo Dignidad, fait activement campagne pour le candidat de gauche Gabriel Boric. ENTRETIEN

par Rosa Moussaoui

PHOTO REVUE BALLAST

Comment percevez-vous le climat politique de cette campagne présidentielle et parlementaire ?

DANIEL JADUE La droite excelle dans l’art de semer la peur, d’instaurer un climat de tension, de manier la menace pour faire échec à des transformations en germe. C’est la seule recette qu’ils connaissent. Ce qu’ils ne veulent pas comprendre, c’est que si la pandémie a suspendu la révolte populaire d’octobre 2019, celle-ci est loin d’être terminée. Quand on y regarde de plus près, cette révolte avait deux dimensions : l’une politique, l’autre sociale et économique.

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La première a trouvé un chemin de sortie avec la discussion constitutionnelle, qui mobilise un public déjà très politisé. Mais ceux préoccupés par la précarité de leurs conditions de vie n’ont vu venir, jusqu’ici, aucune réponse. Les pensions n’ont pas été revalorisées, il n’y a pas eu la moindre avancée pour garantir le droit à l’éducation, à la santé – des gens jouent encore à la loterie ou vendent des sandwichs dans la rue pour payer des traitements médicaux coûteux ; les services publics locaux sont plus dégradés que jamais. La rage et l’indignation, pour l’instant, sont rentrées.

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Mais si des réponses sociales ne commencent pas à être esquissées, il est hautement probable qu’elles ressurgissent avec bien plus de force . Sans parler de l’impunité garantie aux auteurs de violations des droits humains, ni de l’emprisonnement de participants à cette révolte sociale.

Vous étiez candidat à la primaire de la coalition de gauche Apruebo Dignidad. Comment vous êtes-vous impliqué, avec le Parti communiste chilien, dans cette campagne ?

DANIEL JADUE Le Parti communiste est pleinement investi dans la campagne de Gabriel Boric et de la coalition Apruebo Dignidad, qui rassemble huit formations politiques. Je me suis rendu dans de nombreuses régions, pour soutenir notre candidat à la présidentielle, mais aussi nos candidats aux élections législatives et sénatoriales. Il fallait aussi convaincre les 700 000 électeurs qui m’ont accordé leurs suffrages à la primaire. C’est, pour nous, une alliance stratégique. Nous voulons porter à la tête du Chili un gouvernement progressiste qui initiera les transformations dont le pays a besoin.

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Comment expliquez-vous la place subitement prise dans le paysage politique par le candidat d’extrême droite Jose Antonio Kast, un nostalgique de la dictature de Pinochet ?

DANIEL JADUE  Avec les difficultés du candidat de droite Sebastian Sichel, les élites économiques ne voient pas d’autre possibilité de maintenir leurs privilèges. Elles migrent vers Kast, après avoir contribué, grâce aux sondages et aux médias qu’elles possèdent, à gonfler artificiellement cette candidature. Pourtant son programme est un tissu de mensonges. Il est basé sur un taux de croissance de 5 % dans les cinq prochaines années, alors que les projections les plus optimistes ne prévoient pas plus de 2 %, ni au Chili ni dans la région.

L’État aurait besoin de ressources nouvelles pour répondre à des demandes impérieuses, sortir du système des AFP (fonds de pension) pour rebâtir un système de retraites par répartition, apporter à tous les citoyens les protections sociales dont ils ont besoin : lui prévoit au contraire de baisser les impôts des plus riches. Comme son ami et modèle, Jair Bolsonaro, ce macabre personnage prétend apporter des réponses simplistes à des problèmes complexes. Il ment. Ces figures de l’extrême droite capables de faire fuir leurs fortunes à l’étranger pour échapper à l’impôt n’aiment pas le Chili. Elles n’aiment que l’argent.

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