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L'élection présidentielle chilienne est la plus importante depuis près de trente ans, car le Chili est en pleine rédaction d'une nouvelle Constitution. C'est la première présidentielle depuis le mouvement social historique contre les inégalités sociales d'il y a deux ans, lancé au départ par des lycéens, contre la hausse du prix du ticket de métro.
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REPORTAGE: PAR JUSTINE FONTAINEDIFFUSÉ LE 18 NOVEMBRE 2021
De notre correspondante à Santiago,
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En cet après-midi de printemps austral, plusieurs lycéennes préparent une banderole. En lettres rouges et noires, il est écrit « nunca más », plus jamais. Car il y a deux ans, en plein mouvement social contre les inégalités, un policier a tiré des billes de plomb sur des élèves dans la cour d’un lycée de Santiago. Belén était présente ce jour-là. Elle a participé aussi aux manifestations.
Mais elle n’a que 17 ans alors elle ne pourra pas voter ce dimanche : « C’est nous qui avons lancé cette révolte populaire, donc je trouve ça très injuste que nous ne puissions pas participer aujourd’hui », scande-t-elle.
Elle défend le droit de vote à seize ans et elle souhaite une réforme des retraites et du système de santé, qui ont été entièrement ou partiellement privatisés sous la dictature. Elle défend aussi la rédaction d’une nouvelle Constitution, qui pourrait remplacer dès l’an prochain le texte actuel, hérité du régime du général Pinochet.
Une jeunesse qui demande une société moins inégalitaire
Des revendications partagées par Daniela, 18 ans, qui voudrait que la société chilienne soit moins inégalitaire. « Pour moi la question des inégalités de genre et du féminisme, c’est très important. L’aide sociale à l’enfance aussi. Et puis cela me semble inacceptable que l’eau soit privatisée ici », dit-elle.
Elle va voter pour le jeune candidat de gauche Gabriel Boric, un ancien leader étudiant. Notamment pour faire barrage au candidat d’extrême droite José Antonio Kast : « Je pense que je vais voter pour Boric. Ce n’est pas mon candidat idéal, mais c’est le moins mauvais, je crois. Je sais que je ne voterai pas pour Kast en tout cas, car ce serait un complet retour en arrière », craint Daniela.
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PROPAGANDE ÉLECTORALE
« VOTA 1, VOTA GABRIEL BORIC » |
Des votants encore indécis
Mais beaucoup de ses amis sont encore indécis, et au Chili l’abstention est généralement très forte. Autour de 50 % même pour l’élection présidentielle. Par exemple Dennisse Tapia, 19 ans, restera à la maison ce dimanche. Elle soutient les revendications du mouvement social de 2019, mais elle n’a pas participé aux manifestations : « J’ai le droit de vote, mais je ne vais pas l’exercer, car je ne suis convaincue par aucun candidat. Ils ont tous quelques idées qui me plaisent et d’autres avec lesquelles je ne suis pas d’accord », pense-t-elle.
Pour le premier tour, les sondages donnent favoris l’ancien leader étudiant Gabriel Boric et le candidat d’extrême droite José Antonio Kast. Mais ces enquêtes d’opinion sont peu fiables et d’autres candidats plus modérés, à droite et au centre gauche, pourraient créer la surprise.
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